Comment travailler sur ses peurs au travail ?
Tout comme les autres émotions que sont la colère, la tristesse et la joie, la peur se cache partout au travail. Et les émotions au travail restent encore (mais ça va s’arranger) un sujet tabou ! Rares sont ceux qui n’ont pas peur de reprendre le travail, que ce soit après des vacances, un congé maladie, un congé parental, un burn out.
Comment gérer ses émotions au travail ?
Quand la peur fait partie intégrante du monde du travail, c’est LA question que se posent beaucoup d’individus. Et tous veulent impérativement agir dessus. Ce sont alors toujours les mêmes verbes qui précédent les émotions au boulot. Pour commencer le fameux verbe « gérer » mais aussi « contrôler » et « canaliser »et le summum « maitriser ». Et oui depuis toujours l’inconscient collectif nous demande de : maitriser ses émotions au travail !
La peur : une émotion difficile à maitriser
Et c’est précisément là que tout se complique puisque par définition ce sont les émotions qui nous dominent. Les neuro sciences l’ont démontré depuis un petit moment, l’émotion est plus juste et arrive plus rapidement à notre cerveau. Simplement, nous n’avons pas appris à les écouter. C’est avant tout un processus physiologique donc corporel qui passe par l’hippocampe, puis cortex, amygdales et enfin hypothalamus pour donner naissance à un ressenti physique (tremblements, larmes, chaleur, accélération cardiaque…). La peur est une véritable émotion et comme toutes les émotions, elle est là pour nous protéger.
La peur, une émotion comme une autre
Elle nous envoie un signal fort pour nous signifier que nous sommes en danger ! Penser que nous pourrions les maitriser et les contrôler est vain. A l’inverse, si vous ou quelqu’un que vous connaissez ne ressent ni tristesse, ni colère, ni peur, ni joie. C’est un signal fort que quelque chose ne tourne pas rond.
Vous comprendrez donc qu’il est vain mais vraiment vain de croire que vous allez les maitriser. Que faire alors me direz-vous ? Juste les accueillir, un peu à la manière d’un ami « tiens t’es encore toi la peur, de quoi as-tu besoin pour te calmer ». Si vous ne l’avez pas vu ou si vous voulez humaniser ces émotions, regardez le dessin-animé Vice versa. Disney a mis en scène les 5 émotions primaires. En effet, elles se réactivent jusqu’à ce qu’elles soient considérées. Ainsi plus vite vous les écoutez, plus vite elles se calment.
Revenons à notre sujet de la peur et d’un sujet encore plus fort en ce moment, « le retour au travail » dans un contexte covidien.
Vous avez peur de retourner au travail après un arrêt ?
Quel que soit la nature de l’arrêt, maladies ou congés, un long arrêt demande à chacun beaucoup d’énergie pour se remettre au travail. Cela implique de se réadapter à un milieu, à des repères, à un rythme. Raison pour laquelle c’est si difficile après les vacances quand bien même on est reboosté, frais et bronzé. Imaginez la peur de reprendre le travail après un burn out ou une dépression !
Que se cache-t-il derrière cette peur de reprendre le travail ? il me semble que cette émotion puise son origine de plusieurs façons.
La peur de ne pas réussir au travail
Le retour au travail n’est pas obligatoirement synonyme de « batteries chargées ». Parfois, les individus reprennent le travail alors qu’ils sont vidés. Ils sont épuisés physiquement (c’est le retour après la naissance du bébé et les 19 nuits sans sommeil), psychologiquement (après une dépression, un burn out..) ou moralement (après un décès ou un événement familial compliqué…).
C’est alors la peur de ne pas y arriver qui surgit : « vais-je pouvoir en plus accomplir ce que je dois faire ? » ou « cela fait 6 mois que je n’ai pas travaillé vais-je parvenir à me replonger dans le rythme ? », ou encore « les choses ont changé, comment vais-je faire pour m’adapter ? ». C’est une quête de repères qui se met en place ! En d’autres termes, c’est la peur de ne pas réussir au travail !
C’est la même peur que l’on retrouve au moment de commencer un nouveau boulot avec ce même syndrome de l’imposteur qui plane pour ceux qui ne se sentent jamais légitimes. Car cette peur trouve son terreau dans notre estime de nous, si bien que les personnes qui ont une mauvaise estime d’eux même vivent dans l’angoisse permanente.
La peur de faire des erreurs au travail
Dans la peur décrite ci-dessus, nous étions dans une peur liée de nous à nous même. Ici il s’agit davantage de la peur de l’autre. Le regard des collaborateurs sur notre travail est une source de stress énorme à laquelle s’ajoute celle du manager et souvent des clients.
La peur du jugement et la peur de mal faire au travail sont omniprésentes : « J’aurais dû mieux regarder ce projet il manquait plein d’éléments », « je m’en veux de ne pas avoir pris la parole en réunion ce matin « , « le client est mécontent, j’ai dû faire une erreur quelque part ». Sans compter le rapport au temps et à la rapidité qui lui aussi est très ancré.
La majorité des individus pensent qu’ils pourraient ou qu’ils auraient dû en faire plus. Ils ont l’impression d’être jugés sur ce qu’ils ont fait et ce qu’ils auraient dû faire. L’individu quand il laisse la peur prendre tout le contrôle redevient un petit enfant.
La peur de décevoir
Une peur très similaire à celle d’avant mais qui va un cran plus loin puisqu’on touche cette fois ci à l’être plus qu’au faire. C’est la peur d’être rejeté dans son entièreté, c’est à dire pas uniquement notre savoir-faire mais tout notre être. C’est une des raisons pour laquelle la peur de reprendre le travail après dépression est si forte puisque l’individu a l’impression d’avoir déçu.
On voit ainsi des individus écourter leurs congés maladie pour prouver qu’ils sont des battants, pour montrer qu’ils sont essentiels. C’est alors la peur de décevoir le manager qui « compte sur eux » (#culpabilitémonamie) qui empêche le collaborateur de mettre le cadre, comme par exemple ne pas répondre aux mails entre 20 heures et 8 heures du matin, ou permettre d’être interrompu devant tout le monde.
Ce sont ces comportements répétitifs, ces systèmes culpabilisants et culpabilisateurs qui sont à l’origine de burn out en entreprise. En effet, ils mettent le collaborateur dans une situation de « jamais assez ». Ne nous méprenons pas, nous avons tous vécu ces moments, le sujet est ici la répétition.
Peur au travail l'ingrédient principal du stress
Comment arrêter de stresser pour le travail ?
Le stress est avant tout de la peur … comment la gérer pour reprendre un mot que tout le monde adore ?
- Identifier qu’il s’agit bien de cette émotion et la nommer.
- Qualifier cette peur : Quelle peur domine au moment de reprendre le travail ? La peur du regard des autres ? Celle de mal faire ? La peur de laisser votre nid ? La peur de cette sensation de solitude ?
- Verbaliser : écoutez-vous dire « j’ai peur que personne ne m’adresse la parole et que je doive rejoindre seule mon bureau ».
- Exprimer à vous même dans un temps 1 votre besoin. Que me faudrait-il pour avoir moins peur ?
- Mise en place d’actions : peut être ici appeler 1 ou 2 alliés pour commencer par un café avec eux.
Surtout accueillez cette peur naturelle qui vous veut du bien ! N’essayez pas de la faire taire, ce serait pire ! Ne fuyez pas, vous seriez alors confronté à la peur de quitter son travail !
Bref ça n’en finit jamais, autant en faire une alliée.