Le lâcher prise, c'est quoi ?
Be Long / Lâcher prise, c’est quoi ?
Qui n’a pas entendu le fameux : « Mais enfin lâche prise ! » avec ton boulot, tes enfants, ton ex, ta maison… bref mettez le complément que vous souhaitez derrière. L’expression sonne comme une réponse à tous les maux. Trop de stress : « il faut apprendre à lâcher prise« . La rentrée pointe son nez et on entend : « lâche prise enfin, ce n’est pas grave si la dernière ne fait pas de danse classique ». Vous vous plaignez du nombre de dossiers à gérer au boulot ! hop : « Apprends à lâcher prise au travail » ce n’est pas toute la vie quand même.
Face à cette nouvelle expression à la mode devenue le cliché du développement personnel, je vous propose de revenir sur ce qui se cache derrière. Il y a dans cette expression quelque chose de juste et de puissant qui pourrait bien faire descendre votre niveau de stress.
Que veut dire le lâcher prise ?
Lâcher on comprend, c’est l’image de nos mains ou nos bras qui tombent … mais lâcher prise ? Que tenons-nous ?
Connaissez-vous cette histoire qui raconte que pour capturer les singes sur une ile en Asie, on mettait des cages avec à l’intérieur une orange. Le singe voulait l’orange et glissait sa main pour l’attraper mais il ne pouvait sortir l’orange. Au lieu de lâcher l’orange et de fuir, il s’obstinait à garder le fruit au creux de sa main. Les cages étaient attachées et il ne restait plus aux chasseurs qu’à les capturer. Pour rester en liberté, il aurait suffi à ces singes de lâcher l’orange et de re faire passer leurs mains à travers les barreaux. C’est cette image qui, à mon sens, reflète le mieux ce qu’est le lâcher prise. Cette façon de croire qu’on détient le pouvoir et le contrôle alors qu’on est prisonnier de cette croyance.
Une histoire d'ego
- Au commencement c’est une histoire de conviction, de croyance (que nous avons tous ressenti bien évidemment) et qu’on pourrait ainsi résumer : « j’existe » et j’existe indépendamment de tout. C’est à dire séparé de tout le reste. Si bien que l’Autre, la vie en générale, quand elle n’obéit pas à mes croyances, à ma volonté, en définitif, n’obéit pas à ma loi.
- Si je vis ainsi séparé, je vis donc dans la peur, celle que rien n’ait lieu comme je le voudrais, que l’Autre est de fait contre moi. Ainsi, je vis dans l’illusion de la toute-puissance. En d’autres termes, lâcher prise c’est comprendre que je ne contrôle ni les êtres, ni les choses et que je fais partie de ce tout.
Une histoire de pouvoir
On croit qu’on peut tout prévoir, anticiper et donc tout contrôler. Vous voyez ces femmes qui tiennent un planning de dingue avec les invitations à rendre, les repas qu’elles feront, les cours des uns, les activités des autres. Que font-elles ? elles détiennent le pouvoir de tout et sur tout.
Ce manager qui répond à toutes les demandes, accepte tous les dossiers, ne délègue que très peu et travailler de 8 heures à 21 heures, lui aussi a l’illusion d’avoir le pouvoir.
Tous sont souvent admirés mais ne sont-ils pas prisonniers de ce modèle mis en place par eux-mêmes ? Modèle dont ils ne peuvent plus s’extraire.
Pas de surprise, pas d’écoute des envies et des désirs, difficile d’être au présent, difficile aussi de ne pas vivre dans la peur avec cette pression constante. Le non lâcher prise est un signe avant-coureur, un véritable symptôme du burn-out.
Lâcher prise et acceptation
Soyons clairs : lâcher prise ne signifie pas sombrer dans la passivité. Lâcher prise, c’est voir les problèmes qui se posent à nous tels qu’ils sont. C’est, voilà une belle définition du lâcher prise : « faire le bilan de ce qu’on ne pourra pas modifier et qu’il faut donc accepter ». C’est enfin faire le point sur ce sur quoi il est possible d’agir. Lâcher prise, c’est faire preuve de capacités d’adaptation. Tandis que s’obstiner à vouloir conformer la réalité à nos idées, à nos croyances, à nos désirs, c’est s’enferrer le plus souvent dans des impasses.
L’acceptation est une clé de la paix intérieure, il n’est pas question ici de pardon mais d’accepter ce qui a eu lieu comme une composante de ce qu’on est aujourd’hui. Lâchez prise des « si seulement, il ne m’était pas arrivé cela… » et préférez qu’est-ce que cela fait de moi ? Comment avancer en intégrant cette partie ? et ainsi devenir un individu résilient, un individu plus fort et unique !
Le lâcher prise n'est pas la négation de soi
Certains voient dans le fait d’accepter ce qui est, de ce qui va arriver sinon comme une marque de fatalisme au moins une marque de déresponsabilisation et même de négation de l’individu tout entier !
Il n’en est rien, le lâcher prise n’est pas le « après moi le déluge » bien au contraire, il est cette façon de se reconnaître comme l’expression d’un tout et ne pouvoir agir sur tous les éléments de ce tout. En revanche, on peut agir sur soi. Le moi séparé cesse d’être la mesure de toute chose. Votre ex-mari ne s’occupe pas des enfants « comme il faut », c’est à dire comme vous voudriez qu’il le fasse, c’est penser que vous êtes le maitre étalon. Je lui fais confiance, ce sera différent, c’est le père de mes enfants, ils se structureront ainsi … c’est cela lâcher prise.
Le lâcher prise se produit dès lors que le moi accepte de l’autre, de tout Autre qu’il soit l’Autre.
Le lâcher prise c'est de l'énergie en plus
L’énergie c’est comme le temps, c’est une ressource qui n’est pas infinie ! Nous devons apprendre à l’optimiser, à ne pas la gâcher. Et le lâcher prise est une clé pour gagner en énergie. En effet, nous ne sommes pas Atlas et ne portons donc pas le monde sur nos épaules, nous faisons partie intégrante de ce monde. Si déjà vous avez bougé cette image c’est énorme !
Ne pas lâcher prise bouffe notre énergie vitale. Nager à contre-courant est bien plus difficile que s’intégrer doucement dans la vague et se laisser glisser avec la conviction profonde qu’elle va nous déposer au bon endroit sur le rivage.
Ne pas lâcher prise, c’est brûler son énergie à vouloir que les choses soient comme on l’a décidé. En communication, c’est ne pas vouloir simplement échanger avec l’autre, partager mais vouloir dans un élan de toute puissance le convertir à sa cause.
Gagner de l’énergie, c’est penser, agir, mobiliser tous vos sens pour y croire puis attendre. Le stress, l’agitation ne changeront rien au déroulé.
Les clés pour lâcher prise
Nous l’évoquions en préambule, il faut pratiquer le lâcher prise au quotidien. D’abord sur le passé, ce qui a été ne sera plus mais aussi sur le présent pour être ancré au moment et sur le passé qu’on ne peut pas décider !
Alors, pour lâcher prise, comment faire ?
Identifier les facteurs de stress
Qu’est-ce qui vous amène à être dans cet état de stress ou d’angoisse ? Comme expliqué plus haut, cela se base souvent sur des croyances : « c’est à moi de gérer toutes les activités des enfants » pour les femmes, « c’est à moi de gagner plus d’argent car les enfants sont plus grands » pour les hommes.
Ce sont des croyances sociétales et familiales qui ne reposent sur aucune vérité. Il est important de lister les points de départ : « je ne veux pas demander à l’Autre » ou « l’Autre ne sait pas faire » et également de repérer les cercles vicieux (ex : je ne demande pas, je ne parviens pas à tout faire et j’en oublie, je culpabilise, je me mets en colère, on se fâche).
Acceptez et respirez
Il est inutile de lutter, les croyances et les cognitions qui les accompagnent font parties de vous et de nous tous. Accepter permet de ne pas ajouter au stress global de la culpabilité. Observez vos pensées sans les juger, sans vous juger. Si vous avez envie de pleurer, laissez-vous aller… ça fait du bien.
C’est un outil indispensable pour lâcher prise, surtout tentez de respirer par le nez ; l’inspiration par une narine, l’expiration par une autre ; Cela fait un bien fou car ça refroidit le cerveau (à ce moment-là en surchauffe).
Autre astuce : mettez votre stress dans une pensée, inspirez puis expirez très fort dans un souffle cette pensée comme si vous vouliez l’éjecter. A refaire !
Agissez
Oui seulement maintenant, rappelez-vous que votre cerveau est un ordinateur. Pour qu’il fonctionne bien, il faut fermer des onglets. Donc en premier lieu, faites la liste sur un papier des tâches à accomplir. Cela va le rassurer et vous permettre de fermer l’onglet.
Ensuite, à chaque tâche faite, même prendre rendez-vous chez le dentiste, CELEBREZ, seul(e) ou avec les autres… petit à petit vous lâchez prise.