La vulnérabilité, une puissance immense !
Be Long / La vulnérabilité
Qu'est ce que la vulnérabilité ?
Le terme de vulnérabilité est devenu omniprésent dans les médias, une nouvelle fois à l’honneur en période de COVID. Reste que sa lente progression d’utilisation avait commencé bien avant ! La courbe de ses occurrences répertoriées dans Google fait état de plus de 2000 occurrences par jour dans les années 2000 et à 8000 occurrences en 2015 quand on dépasse les 10 000 aujourd’hui. Le terme représente de façon plus globale : la société, les individus qui la composent et le collectif. Par son universalité et au départ, le terme désignait essentiellement les individus en difficulté (physique ou matériel).
Essai de définition
La vulnérabilité c’est quoi ? Etymologiquement « vulneris » du verbe « vulnerare » : blesser désigne tout simplement la possibilité d’être blessé, par quelqu’un (ou quelque chose). C’est ce « qui peut être facilement atteint », « qui se défend mal ». Il est alors à tort, synonyme de fragile et sensible.
A la lecture de cet essai de définition, on prend conscience que la notion de « risque » est intégrée à ce mot, combien se montrer dans sa vulnérabilité c’est prendre même le risque maximal.
Brenée Brown, la chercheuse et papesse de la « vulnérabilité » explique qu’être vulnérable, « c’est accéder à notre capacité d’empathie ». En effet, cela nous rapproche de l’autre dans un sentiment d’appartenance et d’amour.
Etre vulnérable, c’est bien entendu être authentique, c’est-à-dire ouvert et transparent mais plus encore c’est accéder à son coeur. C’est à dire aimer l’autre, oser être soi à nu. Cette image à nu sonne assez juste quand vous abordez la notion de « vulnérabilité » dans le monde professionnel. En effet, la première image qui vient est celle de l’armure, comme si être vulnérable c’est se montrer sans son armure. Or se montrer nu est-ce se montrer fragile ? Non ? Suis-je plus fort habillé ? Pas certain. Est-ce qu’oser me montrer nu ou à nu ne fait pas de moi quelqu’un de fort, quelqu’un qui a battu ses peurs ?
La vulnérabilité n’est donc pas une faiblesse, il n’y a aucune raison d’en avoir honte, bien au contraire. Un sujet que j’affectionne puisque j’écrivais à son propos il y a 1 an déjà !
Vulnérabilité rime avec puissance
Vulnérabilité antonyme de puissance ? sûrement pas !
Arrêtons d’opposer la faiblesse et la force de façon manichéenne. La vulnérabilité au travail est encore, dans notre inconscient collectif sociétale, « dangereux », on ne peut pas être vulnérable ! on doit donner le change. L’univers professionnel est celui du pouvoir, de la puissance et de la hiérarchie. Se montrer « vulnérable » c’est se mettre en danger.
Ainsi, une personne qui prend la parole dans sa vulnérabilité et est applaudie a tout gagné. On l’a applaudi, elle ! Elle a reçu un élan de soutien, de gratitude ou de tendresse de cœur à cœur. Quelqu’un qui n’a pas accès à cette vulnérabilité et prend la parole avec une armure se croyant à l’abri des balles : que reçoit-il ? il se demandera si les félicitations lui sont réellement destinées ?
Il est deux mots qui fonctionnent parfaitement ensemble : Vulnérabilité et résilience. La résilience vient puiser son énergie dans la vulnérabilité. C’est parce que j’accepte d’avoir été blessé, d’avoir parfois vécu des choses horribles que je peux les transformer ainsi.
Vulnérabilité et leadership : un oxymore ?
Cela fait plusieurs années que les US expliquent que reconnaître et assumer sa vulnérabilité serait l’apanage des grands leaders ! Peut-on se fier à quelqu’un de si peu fort ?
Par conséquent, assumer sa vulnérabilité serait une « clé du pouvoir » et non comme la majorité des européens continue de le croire un aveu de faiblesse.
En France, aujourd’hui, quand je demande à des femmes puissantes d’expérimenter la vulnérabilité, elles me regardent les yeux écarquillés : « comment voulez-vous ? » me répondent-elles toutes !
Elles me décrivent alors une porte à travers laquelle tout le monde pourrait s’engouffrer. Elles me rappellent combien leur situation est déjà difficile par le seul fait d’être une femme dans un univers d’hommes… alors se déshabiller, faire tomber l’armure surement pas !
Est-ce que les leaders d’aujourd’hui montrent leur vulnérabilité ? Sans nul doute ! Ils nous dépeignent leurs peurs, accueillent leurs émotions. La révolution de la vulnérabilité est en marche !
Un leader éveillé est un leader vulnérable sans aucun doute !
Si ce sujet reste un sujet compliqué dans la sphère professionnel, imaginez combien il est difficile de l’aborder avec de grands leaders.
La question est vite posée : Peut-on être vulnérable et leader ? La réponse est oui et vous n’imaginez pas l’efficacité que vous allez gagner !
Etre un leader vulnérable, c’est être et faire quoi :
- C’est être accessible. C’est une croyance qu’être un bon leader, c’est être en haut de sa tour froid et distant.
- C’est partager ses doutes et ses craintes. Les exprimer ne vous fera pas « perdre la face ». Au contraire, cela vous rendra « humain » aux yeux de vos collaborateurs. Et cela vous permettra d’avoir le soutien de vos pairs.
- C’est admettre ses erreurs. Vous êtes responsable et donc la responsabilité n’est pas portée par les autres et l’extérieur.
- C’est demander de l’aide. Une véritable aide, pas aider à changer l’encre de la photocopieuse. Si vous avez envie d’offrir votre aide et qu’ils puissent la recevoir, il faut être dans la capacité de savoir demander.
- C’est accueillir et exprimer ses émotions. rappelez-vous cette séance où B Obama pleure, il essuie ses larmes.. Personne ne remet en cause son leadership, sa vision … bien au contraire !
Ainsi, accéder à notre vulnérabilité permet d’être soi et permet aussi d’atteindre et accueillir la vulnérabilité de l’autre sans jugement. En somme la vulnérabilité est sans aucun doute le mot qui rime le mieux avec humanité !